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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 10:55

UN HOMME PAISIBLE

 

Introduction :

Plume : référence à la plume, qui se laisse portée par le vent….la Plume de l’écrivain.

Plume , sorte de Candide moderne, vit en apesanteur dans un univers plombé. Constamment décalé, poli, serviable,  il essuie des mésaventures avec bonne humeur et fatalisme.

Plume est certainement une des œuvres les plus connues d’Henri Michaux, publiée en 1938, elle témoigne de la perplexité d’un homme face à ses contemporains, de sentiment d’étrangeté dans le monde. C’est un recueil  de 13 poèmes ;  et l’homme paisible est le 1er.

 

PLAN

 

1 Structure

2 un univers étrange et agressif

3l’humour

 

1 structure :

Poéme en prose composé de 5 paragraphes

  • Les fourmis mangent la maison
  • Disparition de la maison
  • Le train qui traverse la maison
  • Disparition  de sa femme
  • Procès

 

Succession des 5 tableaux qui crée une chronologie des évènements – cependant pas d’indication de temps entre chaque catastrophe – l’auteur suggère une augmentation dans l’échelle de l’absurdité.

 

Le schéma : »il se réveille »… « il se rendort » crée un effet de boucle qui se répète d’une manière anaphorique pour marteler l’absurdité des évènements.

 

C’est cette déstructuration de tout lien logique qui crée un univers étrange et agressif.

 

un univers étrange et agressif

 

Michaux  propose des évènements  qui font partie du quotidien. et c’est  de la  manière qu’ il les présente qu’il crée un univers étrange :

 

  • Les fourmis  mangent la maison, le vol de la maison, le train traverse la maison, le décès violent de sa femme, le procès illogique et irrationnel.

 

La réaction du personnage Plume est aussi illogique :

A chaque évènement, le personnage reste serein, imperméable à la gravité des situations des évènements successifs : Plume ne parle pas, ou si peu que cela paraît sans importance.

Lorsqu’on pense trouver un début de cohérence, le personnage se rendort :

…/…

On a donc  une inversion du rêve et de la réalité : il se réfugie dans l’endormissement pour échapper à l’absurdité  environnante. « il se rendort » (5fois)

Même la condamnation à mort prononcée par le juge est sans effet : Plume se rendort et réapparaît dans les douze récits suivants.

Les excuses de Plume et son endormissement traduisent une forme d’acceptation.

C’est un univers impalpable  où tout se désagrège  … son univers s’écroule autour de lui , tout disparaît (son environnement, sa femme) : c’est une agression violente.

 

Face  à cette agression , Plume est dans la passivité, la neutralité.

Le juge intervient pour condamner son attitude (condamnation que sa femme prononçait déjà lorsqu’elle le traitait de « fainéant »). Plume, devant la justice, s’excuse – « Je n’ai pas suivi l’affaire »  et se rendort à deux reprises, renvoyant ainsi au juge sa condamnation. Le discours du juge, légitime et interrogateur, reste sans réponse. Il devient ainsi répétitif, stérile, et perd son objet. Le sommeil de Plume et son discours fait d’excuses rendent la condamnation à mort sans objet, de même qu’ils ont refusé de faire de la mort de sa femme un événement dramatique. Le décès a perdu toute échelle d’évaluation.

 

3 l’humour :

 

Dès  la première lecture, on a une approche humoristique face à l’absurdité des évènements et la réaction de Plume :

  • La maison mangée par les fourmis
  • Le train qui traverse la maison
  • La femme éparpillée
  • La réaction de Plume face aux évènements : passivité, endormissement.
  •  

La place de l’humour  est dans cet échange constant entre Plume et l’agression, et  a pour principale fonction de vider le texte de tout contenu moral ou social. Dynamisant le langage de l’agression, l’humour y crée, à l’instar de Plume, un espace de jeu, de retournement des déterminations.

 

l'absence de contexte exprime un humour noir qui pourrait faire rire si ces situations étaient mises en scène.

Plume fait penser à Charlie Chaplin. Même si dans le contexte où évolue Charlot les situations sont beaucoup plus classiques il les transforme souvent jusqu'à l'absurde. On a bien ici cette façon de raconter des énormités en conservant  la  forme  du constat ou celui de la relation neutre d'une action banale.

 

Conclusion

 

Michaux présente un personnage décalé, évoluant dans un monde étrange et agressif auquel il reste imperméable.

…/….

 Nous sommes bien dans un poème qui   présente les caractéristiques du Surréalisme  tant dans l’absurdité,  que dans la déstructuration logique de l’esprit .

 

UN HOMME PAISIBLE

 

Etendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur. «Tiens, pensa-t-il, les fourmis l'auront mangé... » et il se rendormit.

 

Peu après, sa femme l'attrapa et le secoua

« Regarde, dit-elle, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison. » En effet, un ciel intact s'étendait de tous côtés. « Bah, la chose est faite », pensa-t-il.

 

Peu après, un bruit se fit entendre. C'était un train qui arrivait sur eux à toute allure. « De l'air pressé qu'il a, pensa-t-il, il arrivera sûrement avant nous » et il se rendormit.

Ensuite, le froid le réveilla. Il était tout trempé de sang. Quelques morceaux de sa femme gisaient près de lui. «Avec le sang, pensa-t-il, surgissent toujours quantité de désagréments ; si ce train pouvait n'être pas passé, j'en serais fort heureux. Mais puisqu'il est déjà passé... » et il se rendormit.

 

- Voyons, disait le juge, comment expliquez-vous que votre femme se soit blessée au point qu'on l'ait trouvée partagée en huit morceaux, sans que vous, qui étiez à côté, ayez pu faire un geste pour l'en empêcher, sans même vous en être aperçu. Voilà le mystère. Toute l'affaire est là-dedans.

- Sur ce chemin, je ne peux pas l'aider, pensa Plume, et il se rendormit.

- L'exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter ?

- Excusez-moi, dit-il, je n'ai pas suivi l'affaire. Et il se rendormit.

_______________________________

 

 

Le nom de Plume est le nom du personnage principal du recueil. C’est un anti-héros, l’alter-ego de l’auteur. Son caractère errant exprime le thème du voyage. Mais c’est aussi un être passif et faible, ne comprenant pas le monde qui l’entoure. Le terme « plume » renvoie tout aussi bien à la plume d’oiseau, évoquant la fragilité, la légèreté, l’envol, que la plume du stylo, symbole de l’écrivain. Ainsi, ce double sens peut s’interpréter comme la faiblesse de l’écrivain, incapable de transformer le monde, mais seulement de créer un milieu propice au vol vers un autre monde lui aussi fragile, inconstant et contradictoire. La plume est la métaphore incarnant le poète, être frêle dont l’inspiration le fait voyager.

 

L’extravagant monsieur Plume Monsieur Plume est un homme poli, serviable, mais très distrait : sa propre épouse se fait écraser par un train sans qu’il ne réagisse

 

 Plume le bien nommé, sorte de Candide moderne, vit en apesanteur dans cet univers plombé. Constamment décalé, poli, serviable,  il essuie les plus improbables mésaventures avec bonne humeur et fatalisme.

Plume est certainement une des œuvres les plus connues d’Henri Michaux, publiée en 1938, elle témoigne de la perplexité d’un homme face à ses contemporains, de sentiment d’étrangeté dans le monde.

 

Analyse

 Plume ne parle pas, ou si peu que cela paraît sans importance. Ses opposants ne l’entendraient pas que l’on ne s’en formaliserait guère. Son silence le place cependant dans une position radicale : l’imperméabilité à l’agression ambiante..

 L’agression :

Dans Un homme paisible, une série de catastrophes se déclenche autour de plume : « Étendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur », « Peu après, un bruit se fit entendre. C’était un train qui arrivait sur eux à toute allure », « Ensuite, le froid le réveilla. Il était tout trempé de sang. Quelques morceaux de sa femme gisaient près de lui. » . Cependant, Plume se tient à l’écart du récit qui est fait. Il répond à ces agressions par l’endormissement.

 L’anaphore « Et il se rendormit » conclut chaque paragraphe du récit.

 Les reproches et les demandes d’éclaircissement s’abattent :

Voyons, disait le juge, comment expliquez-vous que votre femme se soit blessée au point qu’on l’ait trouvée partagée en huit morceaux, sans que vous, qui étiez à côté, ayez pu faire un geste pour l’en empêcher, sans même vous en être aperçu.

mais l’agression ne parvient pas à faire de Plume un coupable.

Même la condamnation à mort prononcée par le juge est sans effet : Plume se rendort et réapparaît dans les douze récits suivants.

Les stratégies répétitives  échouent devant l’acceptation de Plume. (parallèle avec Plume voyage)

 les seules paroles que prononce Plume sont des excuses ou des formules de politesse : « Excusez-moi, dit-il, je n’ai pas suivi l’affaire. (même chose pour Plume voyage)

 Elles sont synonymes d’acceptation.

Les violences que subit Plume deviennent des évidences. L’excuse en effet n’appelle pas à d’autres développements, n’autorise pas d’autres énoncés en réponse. Seul un nouveau refus peut être fait à Plume, mais celui-ci s’épuise comme le précédent. Parole de clôture et de retrait, l’excuse, dans l’imperméabilité à l’agression qui est celle de Plume, n’offre aucune assise au développement de l’agression. Le récit est désamorcé : « Excusez-moi, dit-il, je n’ai pas suivi l’affaire. »

Appuyant le rôle de l’excuse, une forme particulière de narration a lieu, visible dans l’ellipse (les endormissements de Plume sont  des ellipses narratives) (procédé grammatical qui consiste à omettre un ou plusieurs éléments en principe nécessaires à la compréhension du texte, pour produire un effet de raccourci. )et des anaphores qui rythmes le poème « et il se rendormit ».

 Affaiblissement des liens de causalité, puisque aucun lien logique ne s’inscrit entre les agressions dont Plume est victime. Plume n’étant au début de chaque récit qu’un signifiant, il ne peut être investi d’un rôle de coupable.

 L’agression ne se justifie pas, et se tient dans un discours de négation : le texte se développe dans le refus fait à Plume d’être autre chose qu’un coupable. La seule causalité qui puisse s’inscrire est frappée du sceau du prétexte.

Affaiblissement des liens de la temporalité : Si Un homme paisible suit un développement chronologique, les ellipses empêchent d’accorder du poids aux condamnations que subit Plume.

Ces divers éléments de rupture privent les discours agresseurs d’une assise. L’agression devient une forme creuse, répétitive. Elle se fige dans un refus qui a perdu toute force à partir du moment où il a été accepté comme une manifestation du bon sens. En somme, l’excuse fait de l’agression un « stéréotype ».

L’agression exprime donc un bon sens, dans une forme attendue, qui ne se connaît pas et que Plume dévoile. L’enjeu de ce texte devient la forme de l’agression. Prenons comme exemple Un homme paisible.

 À première vue, Plume, se tenant dans l’inaction, est le responsable de la désagrégation de son confort : il laisse la maison s’écrouler, sa femme se réduire en morceaux. Le juge intervient pour condamner son attitude (condamnation que sa femme prononçait déjà lorsqu’elle le traitait de « fainéant »). Plume, devant la justice, s’excuse – « Je n’ai pas suivi l’affaire »  et se rendort à deux reprises, renvoyant ainsi au juge sa condamnation. Le discours du juge, légitime et interrogateur, reste sans réponse. Il devient ainsi répétitif, stérile, et perd son objet. Le sommeil de Plume et son discours fait d’excuses rendent la condamnation à mort sans objet, de même qu’ils ont refusé de faire de la mort de sa femme un événement dramatique. Le décès a perdu toute échelle d’évaluation, il n’est plus une douleur, il n’est pas plus une joie, il n’est qu’un simple ressort de l’action, conduisant à la condamnation par le juge.

Parce que Plume ne s’associe pas à la perte de sa maison et de sa femme, une première lecture peut faire de lui une dénonciation des valeurs familiales. En chargeant ainsi de valeurs anti-bourgeoises l’espace qu’ouvre Plume, on prolonge le discours de la femme ou du juge, en l’enfermant dans le rôle de fainéant et de coupable. Or l’effet que produit l’imperméabilité de Plume est justement de le désolidariser de ces discours.

L’ humour :

La première défaite que subit le confort bourgeois dans ce texte provient de l’agression. Celle-ci prend des contours humoristiques (les fourmis mangent les murs, les trains passent au travers des maisons) pour attaquer le cocon familial. Dès lors ces violences ne doivent plus être prises au sérieux. Le comique de situation provoque chez le lecteur une réévaluation.. L’agression ne se jauge plus sur une échelle « bien/mal » ou « supportable/insupportable ».

Elle n’est plus agressive au sens moral du terme, puisqu’elle ne produit pas de douleur, d’affliction, ni même de mort : la femme de Plume revient le gourmander dans un autre texte. (Texte VII )Plume n’a donc pas à s’en faire. Plume n’est pas coupable : renoncement  aux axiologies bourgeoises.

La place de l’humour  est dans cet échange constant entre Plume et l’agression, entre l’indécision du sens et son déterminisme, et a pour principale fonction de vider le texte de tout contenu moral ou social. Dynamisant le langage de l’agression, l’humour y crée, à l’instar de Plume, un espace de jeu, de retournement des déterminations. L’agression, dès qu’elle se présente à Plume, contient sa défaite dans son expression même. Plume est le miroir de cette défaite, reflète ce langage voulant imposer un sens mais déjà poreux, ouvert aux multiples du sens.

C’est ce qui est ressenti dans tout le recueil.

l'absence de contexte et l'aspect élémentaire de Plume laisse à penser qu'il est peut-être responsable, et exprime aussi l'humour, un humour noir qui pourrait faire rire si ces situations étaient mises en scène.

Plume fait songer à Chaplin. Même si dans le contexte où évolue Charlot les situations sont beaucoup plus classiques il les transforme souvent jusqu'à l'absurde. On a bien ici cette façon de raconter des énormités en gardant  le style du constat ou celui de la relation neutre du fait banal. On peut penser au style de Camus dans l'Etranger.

 

Conclusion : poème surréaliste et ludique. Il pratique l'humour noir. On a des absurdités tragiques de la condition humaine qui nous font rire À travers les jeux de mots et la fantaisie, Michaux explore son inconscient. Poète n'utilise pas de "je" (pas de lyrisme) et se représente comme un personnage ridicule.

 

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